La problématique des violences conjugales est également abordée en terme de prise en charge des auteurs, depuis quelques années en France. Pour que ces violences diminuent, l'évolution de la législation, l'accueil, l'accompagnement et la protection des victimes ainsi que la prise en charge des auteurs de violences sont des approches complémentaires ; sans oublier la prévention primaire par l'éducation et l'évolution sociétale des rôles sexués* dans le couple.
* Plusieurs
travaux, notamment des revues de la littérature ont mis en évidence
des caractéristiques fréquemment retrouvées chez les auteurs de
violences :
-
antécédent de violences commises
-
antécédent de violences subies (notamment avoir été victime de
maltraitance infantile)
-
addictions (notamment le mésusage de l'alcool)
-
antécédent de pathologies psychiatriques
* Les explications suivantes ne servent pas à stigmatiser ou à déresponsabiliser les auteurs de violence. Il s'agit d'une lecture sociologique, psychologique et criminologique des comportements violents des conjoints.
Le regard sociologique
Il s'agit du modèle de l'homme dominant et de la vision des rôles sexués encore diffusés dans notre société, qui peuvent avoir une influence sur les rapports homme/femme, quels que soient la culture et le milieu socio-économique.
Le regard psychologique
L'environnement familial :
L'apprentissage social de la violence: la violence peut être vécue comme un mode relationnel chez l'enfant qui grandit dans une famille violente.
La maltraitance vécue dans l'enfance génère des sentiments de dévalorisation, d'humiliation, de frustration, de colère et peut constituer un psychotraumatisme.
Des traits de personnalités en commun :
Ces traits de personnalité se combinent différemment selon les individus et ne sont pas figés dans le temps.
Dans la majorité des cas, il ne s'agit pas de pathologies psychiatriques à proprement parler. Lorsque certains de ces traits de personnalité sont surexprimés, on parle de troubles de personnalité. Ces troubles ne déresponsabilisent pas les auteurs de leurs actes. Un assouplissement du fonctionnement est possible et permet aux sujets d'agir autrement s'ils le souhaitent.
Selon les personnalités, la violence est plutôt impulsive ou instrumentale.
Symptômes associés :
Ces comportements violents peuvent être associés à des abus de substance (alcool, substances psycho-actives) et des désordres psychologiques (dépression, anxiété, Syndrome de stress post traumatique).
Psychopathologie de la relation :
La relation est souvent basée sur un mode fusionnel (confusion entre amour et possession), l'égocentrisme, une tendance à l'emprise et la négation de l'autre. Le sujet égocentrique exerce sa domination sur l'autre pour répondre à ses désirs et compenser ses dysfonctionnements internes.
Le regard criminologique
Il s'agit d'une analyse du discours du sujet violent sur les faits de violence qui lui sont reprochés : son rapport aux faits, son rapport à la responsabilité vis à vis des faits, son vécu émotionnel du passage à l'acte, son appréhension du retentissement psychologique sur la victime, son rapport à la loi.
La prise en charge classique consiste à la psychoéducation et/ou à la thérapie cognitivo-comportementale (TCC).
Les nouvelles approches se concentrent sur l'amélioration de la motivation, la gestion de la colère et des émotions, les compétences en communication, les plans de sécurité et les stratégies d'adaptation. La prise en charge d'un psychotraumatisme (ex : antécédent de violence dans l'enfance) est essentielle.
Cette prise en charge relève de professionnels spécialistes. Cependant, le médecin généraliste peut avoir un rôle dans l'initiation de ce suivi. L'identification et la gestion des facteurs de risque sont essentiels, tout comme le dépistage d'un contexte d'addiction fréquemment associé.
Les structures spécialisées dans ce type de prise en charge (FNACAV, Fédération Nationale des Associations et des Centres de prise en charge des Auteurs de Violence) ne sont actuellement pas présentes sur tout le territoire français. (annuaire)
Il
existe une ligne téléphonique d’écoute pour les auteurs :
08 019 019 11
Tous
les jours, de 10 heures à 19 heures, des professionnels sont à
l’écoute sur la plate-forme. L’appel est gratuit et
anonyme.
En
cas de violences sexuelles, le généraliste peut se rapprocher des
CRIAVS (Centre Ressource pour Intervenants auprès d'Auteurs de
Violences Sexuelles). Il en existe un dans chaque ancienne région.
Ils proposent :
-
soutien et conseil dans la prise en charge
- intervention dans les situations complexes
-
formations pour les professionnels